Présentation du film par Pascal Taranto
La Fédération terrienne est en guerre contre une race agressive d’extra-terrestres insectoïdes. Johnny Rico, Carmen Ibanez, Carl Jenkins et Dizzy Flores, quatre jeunes étudiants de Buenos Aires, s’engagent dans les forces armées de la Fédération pour devenir citoyens et exercer à leur retour le droit de voter. Mais que réserve vraiment la guerre à ceux qui la veulent et à ceux qui la font ?
Sorti en 1997, le film de Paul Verhoeven dérouta spectateurs et critiques. Charge ironique contre les Etats-Unis de Bush père, anticipant les Busheries du fils, ou film militariste néo-fasciste, le film fut aussi controversé que le livre homonyme de Robert Heinlein, prix Hugo en 1960, sorti dans le contexte de la Guerre Froide. Ce livre tient autant de la science-fiction classique, dont il contribua à créer le sous-genre militariste, que de l’essai politique. Le film n’en retient que quelques thèses, mais les plus significatives : rejet de la démocratie, apologie de l’organisation militaire et de la violence, exaltation du sacrifice et de l’esprit communautaire. S’il se propose bien de les illustrer en reprenant l’essentiel de la trame et de l’imagerie du roman, il introduit toutes sortes d’inflexions qui interdisent de prendre au premier degré leur mise en scène. De sorte que le film doit être sans doute vu comme une mise en garde contre les conséquences de ces thèses politiques, afin qu’elles restent toujours de la science-fiction plutôt que de l’anticipation. Nous essayerons de voir comment Verhoeven mène, avec les moyens du cinéaste, sa propre guerre contre les thèses du romancier.
Pascal Taranto
Maître de conférences au département de philosophie de l’université de Nantes (CAPHI). Spécialiste d’histoire de la philosophie anglaise (Locke, Hume, Berkeley, Toland, Collins).
Voir sa fiche sur le site du Centre Atlantique de Philosophie.
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